Dans notre dernier article, nous nous en étions arrêtés à notre arrivée à Graskop. Ce coin n'a rien à voir avec le Parc Kruger ou la région du Limpopo que nous avons traversée ensuite. En quelques dizaines de km, le changement a été radical. Déjà, il y fait beaucoup moins chaud, presque froid et il a plu souvent. Ensuite, c'est un secteur montagneux, avec des forêts, des prés, des vaches... C'est un mélange de Suisse et de Normandie en fait. Entre le froid, la pluie et les vaches, inutile de dire que Djamel était heureux là-bas.

Nous étions logés dans un "camp". C'est un type d'hébergement assez fréquent en Afrique du Sud et qui nous convient parfaitement. Il s'agit de petits villages de bungalows ou de cases en "self-catering", ce qui signifie qu'on a une cuisine et un barbecue. Il y a en général une piscine, un petit espace de restauration et une supérette. Et on ne manque pas d'espace, notre critère de luxe n°1 !

Ce camp avait un avantage sur tous les autres : une vue extraordinaire sur la vallée et les montagnes. Il avait bien raison de s'appeler "Panorama". La piscine, bien que trop froide pour nous mais pas pour les enfants, était au bord du vide pour bénéficier de cette vue depuis l'eau. Avec de gros rochers plantés dans le bassin, c'est sans doute une des plus chouettes piscines que nous ayons vue.

Il y a pas mal de touristes dans le coin car c'est plus ou moins sur le chemin entre Johannesburg et le Parc Kruger. Et surtout, les paysages sont superbes ! On peut voir des cascades, des canyons, des montagnes, des rivières... En plus, la vie est tranquille. Ce n'est pas contre pas la meilleure saison pour visiter car en été (nous sommes dans l'hémisphère sud, donc pendant l'hiver de chez nous), il y a souvent de la brume qui gâche un peu la visibilité.

Nous sommes allés voir la cascade Mac-Mac (autant pour le nom que pour les chutes en elles-mêmes).

Nous avons longé le Blyde Canyon avec ses noms de points de vue amusants. Nous avons commencé par la "fenêtre de Dieu" où a été filmée une scène du film "Les Dieux sont tombés sur la tête", celle où le héros se débarrasse de la bouteille de coca en la lançant. Nous avons été assez déçus par la vue (en plus, les mômes étaient insupportables à ce moment. Nous nous sommes traînés deux boulets. ça a forcément joué sur notre opinion...).

Le point de vue suivant était un peu plus intéressant mais voilé par la brume. Sans, la vision doit aller jusqu'à des dizaines de km.

Nous sommes ensuite allés voir les Bourke's Luck Potoholes, les marmites de la chance de Bourke en français. Alors ça, c'était bien ! Jusqu'au bord, on ne voit rien. La surprise est donc totale. Il s'agit en fait d'un canyon creusée par l'eau où la roche a pris des formes étranges et acérées, formant parfois comme des marmites d'eau bouillonnante.

Nous avons suivi la route jusqu'au bout pour pouvoir admirer tout le paysage vraiment superbe.

L'autre attraction du coin est le village de Pilgrim's rest, une ancienne ville de chercheurs d'or restaurée. C'est ultra-touristique mais les maisons, magasins, restos et hôtels sont jolis et bien mis en valeur. La balade est agréable (et heureusement car ce jour-là, il pleuvait, il y avait du brouillard et on se caillait...).

La spécialité culinaire de Graskop semble être la crêpe qu'ils appellent pancake. Nous avons testé... Ben oui, ce sont bien des pancakes et non des crêpes. Ils font deux cm d'épaisseur, sont un peu sucrés et garnis après cuisson (le fromage - il n'y a que du cheddar - n'est pas fondu). Ce n'est pas terrible mais les Sud-Africains ont l'air d'en raffoler.

Puisque nous parlons cuisine... Le pays du barbecue, ce n'est finalement ni l'Argentine, ni l'Australie. C'est l'Afrique du Sud ! Le braai (le nom du barbecue ici) est une véritable institution. Il y en a partout. Nous en profitons bien car la viande n'est pas chère du tout. D'ailleurs, la nourriture en général n'est pas chère (les hébergements le sont un peu plus).

Pour Titouan, c'est donc souvent la fête puisqu'il a décrété que faire la fête, c'était manger un barbecue dehors. Comme Djamel ne se fait jamais prier pour s'en occuper, c'est super !

A part des braais, les Sud-Africains mangent aussi des plats en sauce (genre bourguignon), de la viande séchée (du biltong), des plats avec du steak et des fruits de mer en même temps... et aussi beaucoup de plats internationaux.

Après cette étape à Graskop, nous avons repris la route vers un nouveau pays : le Swaziland ! C'est encore Robert qui nous l'avait conseillé. Et finalement, ce fût le meilleur moyen de relier le nord-est du pays à l'est. Le Swaziland est un tout petit pays presque enclavé dans l'Afrique du sud mais avec quand même une frontière avec le Mozambique.

Pour résumer la situation du pays, on peut dire que c'est pas la joie... C'est la dernière monarchie absolue d'Afrique. Les Swazis sont donc gouvernés par le roi Mswati III, un champion du genre. Ses sujets meurent de faim et du sida, le pays est extrêmement pauvre mais lui s'achète des voitures de luxe, des avions, construit des palais, organise des fêtes et mariages somptueux... Il est polygame, a actuellement 14 femmes (son père en avait 120 !) et chaque année s'offre un petit rituel des plus écoeurant. Des milliers de jeunes filles à moitié nues viennent danser devant lui au cours de la "danse du roseau". Il en profite pour choisir sa nouvelle épouse. Inutile de préciser que les partis d'opposition sont interdits et que la liberté d'expression n'existe pas...

Le sida fait des ravages, il est estimé que 40% des adultes sont séropositifs ou malades. C'est la population la plus touchée du monde. L'espérance de vie est très basse, de nombreux enfants sont atteints et beaucoup sont orphelins. Le taux de pauvreté est lui aussi affolant. Bref, c'est l'horreur...

Le pays est relativement touristique (heureusement pour lui!), essentiellement en raison de sa position par rapport à l'Afrique du sud. La plupart des gens qui veulent visiter le Kruger et les parcs du Kwazulu-Natal traverse par le Swaziland et du coup, en profite pour y passer quelques jours. Le pays comptent quelques réserves intéressantes et une jolie vallée, celle d'Ezulwini. Ce secteur concentre une bonne partie des touristes et donc les lodges, commerces et attractions qui vont avec. Nous avons dormi à Ezulwini et avons été plus que surpris de découvrir un Apple-Store dans le mini centre commercial du village...

Entrons dans le vif du sujet ! Il y avait longtemps que nous n'avions pas passé une frontière par voie terrestre. C'est toujours aussi folklorique... Il faut sortir du premier pays, entrer dans le second, passer par des tas de guichets, faire tamponner des tonnes de papiers, répondre à plein de questions qu'on ne comprend pas... Tout ça au milieu d'une foule de gens qui essayent tous de passer les uns devant les autres.

Ensuite, nous avons découvert le paysage du Swaziland assez homogène d'un bout à l'autre (d'après ce que nous avons vu) car le pays est vraiment petit. C'est assez montagneux et très boisé. Rien d'extraordinaire, ni de dingue mais c'est joli.

Nous avions lu des témoignages de touristes un peu choqués par l'entrée au Swaziland après l'Afrique du Sud. Ils étaient marqués par la pauvreté des habitats et des gens. C'est sûr qu'entre deux réserves, ça peut faire un choc... Mais nous, comme nous sommes passés par le Limpopo à notre sortie du Kruger, ce sont des choses que nous avons déjà vues. Les petites cases en terre, les enfants au bord de la route, les stands un peu miséreux, nous savions qu'il y en avait aussi en Afrique du Sud. Néanmoins, ça fait toujours un peu mal au coeur...

L'incontournable KFC, présent partout !

En comparaison, notre lodge était hyper luxueux... Son cadre surtout était sympa, au milieu de la vallée d'Ezulwini. Il se trouvait au centre d'un grand jardin avec une magnifique vue sur l'Execution Rock, une montagne très connue là-bas. L'ambiance était calme et sympa. Nous y avons même rencontré une famille de Nouvelle Calédonie, qui, elle, montait vers le Kruger.

Nous ne vous avons pas dressé un tableau très attirant du Swaziland, parce qu'on ne peut pas nier un contexte aussi accablant. Ce fût néanmoins une bonne idée d'y aller pour découvrir le pays et les gens par nos propres yeux et une jolie étape. Nous la recommandons à tous ceux qui font un parcours similaire au nôtre.

Le lendemain, nous avons fini notre route vers Saint Lucia. La conduite en Afrique du Sud est assez intéressante... Il faut rapidement comprendre que la bande d'arrêt d'urgence doit être considérée comme la voie réservée aux véhicules lents. Quand un automobiliste voit arriver derrière lui une voiture plus rapide, il se décale vers la bande d'arrêt d'urgence pour que l'autre double sur la voie normale. On peut ainsi se retrouver à quatre voitures de face sur une deux voies... Après, tout le monde se remercie à grands coups de feux de détresse et d'appels de phare.

Il y a aussi des flics partout et du contrôle radar tous les deux km à peu près...

Le ravitaillement en essence est enfin tout un spectacle. Quand les pompistes voit une voiture arriver, ils se mettent tous à faire de grands signes pour l'attirer à eux. Ils sont parfois 5 ou 6 à s'agiter, ce qui est perturbant quand on n'est pas habitué... Dès que la voiture s'arrête, il y en a un qui remplit le réservoir, pendant que deux autres lavent le pare-brise et qu'un dernier demande si on veut vérifier l'eau et l'huile. Une vraie fourmilière ! Ils n'attendent pas de pourboires mais sont super contents quand on leur laisse un petit quelque chose.

Nous sommes maintenant à Saint-Lucia, dans le Kwazulu-Natal et de nouveau au bord de la mer. Il y a beaucoup d'hippopotames ici. Sur la route, il y a d'ailleurs des panneaux qui indiquent d'y faire attention la nuit. Nous avons même lu que les hippopos n'hésitaient pas à venir se promener dans le village le soir. Du coup, le premier soir, Djamel voulait aller faire un tour. Sandrine n'était pas très chaude à l'idée de se retrouver nez à nez avec ces animaux là, beaucoup plus rapides et méchants que ce qu'ils laissent penser. Et 10 minutes après, devinez ce qu'il y avait dans le jardin de l'hôtel à 10 m de notre chambre ? Et ben oui, un hippopotame ! Il mangeait tranquillement de l'herbe sur un petit parterre. Et effectivement, ça se retourne très vite...

Djamel était un peu souffrant pendant les premiers jours à Saint-Lucia (en fait, il était à l'article de la mort. C'était encore pire que le palu...), nous ne sommes donc pas partis tout de suite à l'assaut des nouvelles réserves qui nous attendent ici. Heureusement, nous avons un super appartement en guise de chambre d'hôtel. Nous avons deux chambres et deux salles de bain ! L'espace étant notre luxe n°1, nous sommes dans du 5 étoiles !

C'était notre centième article. Le temps passe vite ! A vous maintenant de poster le 1000ème commentaire !

A bientôt.

 

PS : Nous avons pu mettre en ligne la vidéo dans l'article "Neuf mois, le temps de faire un enfant".